Textes
L’éducation affective, relationnelle et sexuelle requiert une attention particulière des éducateurs. Elle touche à l’intime de l’expérience de chacun. C’est pourquoi elle demande beaucoup de respect, de discernement dans le vocabulaire employé, d’attention aux difficultés rencontrées, de bienveillance pour aider sans jamais juger. Si des comportements posent gravement question, ce n’est pas la condamnation, mais la parole claire ayant la force de remettre debout qui convient.
Parce que la sexualité est une dimension fondamentale de la personne, elle ne peut être dissociée de la dynamique de tout l’être et d’un projet de vie. On ne peut l’instrumentaliser pour la seule satisfaction d’un besoin ou la seule obtention d’un plaisir fugace. L’éducation affective, relationnelle et sexuelle doit viser à une « intégration*» de la sexualité dans la personne. Le langage du corps, du cœur et de l’esprit doit être en cohérence . Les gestes disent la qualité de la relation vécue. Cette dynamique de l’intégration conduit chacun à unifier la représentation de son propre corps, les relations à l’autre, les affects, les sentiments et les pulsions. Une telle démarche se fonde aussi sur une véritable capacité d’intériorisation .
* Congrégation pour l’éducation catholique, Orientations éducatives sur l’amour humain.
Texte promulgué par la commission permanente le 16 avril 2010 sur l’Éducation affective, relationnelle et sexuelle et réédité en 2015 :
Le projet éducatif d’un établissement catholique d’enseignement vise à la formation intégrale de la personne, qui prend en compte une meilleure connaissance de soi, une meilleure relation à l’autre, la création de lien social, l’ouverture au monde et la dimension spirituelle. Si toute personne humaine est désireuse d’entrer en relation, cela peut rester difficile et demande une éducation formelle dont le parcours doit être construit et fondé .
L’éducation affective et sexuelle s’intègre naturellement dans ce processus global d’éducation mais requiert une attention particulière. C’est l’objet du présent document. Pour bien souligner néanmoins qu’au-delà de l’éducation affective et sexuelle, il s’agit d’ouvrir à l’éducation relationnelle d’une personne sexuée, nous faisons le choix d’intituler ce texte d’orientation : « L’éducation affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement . »
NOR : MENE1824340C
Circulaire n° 2018-111 du 12-9-2018
MEN - DGESCO B3-1
L'éducation à la sexualité se fonde sur les valeurs humanistes de liberté, d'égalité et de tolérance, de respect de soi et d'autrui. Elle doit trouver sa place à l'école dans un esprit de laïcité, de neutralité et de discernement. En effet, l'éducation nationale et l'ensemble de ses personnels agissent, en la matière, dans le plus grand respect des consciences et fait preuve d'une grande vigilance pour que les enseignements soient pleinement adaptés à l'âge des enfants. Cette éducation vise à la connaissance, au respect de soi, de son corps et au respect d'autrui, sans dimension sexuelle stricto sensu à l'école élémentaire. Elle est complétée, à l'adolescence, par une compréhension de la sexualité et des comportements sexuels dans le respect de l'autre et de son corps. L'enfance et l'intimité sont pleinement respectées.
L'éducation à la sexualité est inscrite dans le Code de l'éducation (articles L. 121-1 et L. 312-16) depuis la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001. L'article L. 312-16 est ainsi libellé : « Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles et par groupes d'âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l'apprentissage du respect dû au corps humain. Elles peuvent associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements mentionnés au premier alinéa de l'article L. 2212-4 du Code de la santé publique ainsi que d'autres intervenants extérieurs conformément à l'article 9 du décret n° 85-924 du 30 août 1985 relatif aux établissements publics locaux d'enseignement. Des élèves formés par un organisme agréé par le ministère de la Santé peuvent également y être associés. »
La responsabilité du chef d'établissement est première
L’éducation affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement.
Texte promulgué par la Commission Permanente le 16 avril 2010.
La question de l’éducation affective, relationnelle et sexuelle se pose dans tous les établissements, y compris dans les écoles du premier degré qui n’ont pas souvent de personnel dédié. Il convient donc de penser à un partage et une formation en ce domaine .
Il appartient donc au chef d’établissement de proposer des temps d’animation de la communauté éducative sur cette question, pour que chacun des acteurs puisse entendre des sollicitations et repérer la contribution qu’il peut apporter au nom de sa responsabilité spécifique. Cette exigence est prévue dans les textes de l’Éducation nationale : « [...] il est nécessaire d’organiser un travail pluridisciplinaire s’appuyant sur les compétences complémentaires des divers personnels, inscrit dans le projet d’école et le projet d’établissement, voire inséré dans une politique d’établissement.* » Elle s’impose plus encore au regard du projet éducatif d’un établissement catholique d'enseignement. Les enjeux et les actions à conduire sont donc multiples. Il peut être utile de mettre en place dans l’établissement un groupe de suivi spécialement dédié à ce projet.
Ce groupe réunit des enseignants et des éducateurs, des parents. Si l’établissement dispose d’un APS , d’une infirmière et d’un psychologue, ils font aussi partie de ce groupe. Il est fortement souhaitable que parmi ces personnes, certaines aient été formées à l’éducation à la vie. Ce groupe projet aide à la concertation des acteurs, à la sollicitation de partenaires extérieurs et à l’élaboration d’un parcours cohérent. Il suit les actions mises en place et les évalue.
Cette responsabilité éducative de l’ensemble des personnels requiert une formation adaptée qui exige de concilier savoirs, éthique, culture et respect des mécanismes psychologiques et les stades du développement psychoaffectif des enfants et des jeunes.
Ce travail doit rendre apte à ne pas désolidariser l’éducation sexuelle de la dimension affective.
Cette formation doit aussi permettre aux divers acteurs de s’approprier la posture pertinente pour un travail éducatif qui est toujours délicat parce qu’il implique que les adultes soient au clair et à l’aise dans un sujet qui touche chacun dans son intimité, et parce qu’il implique aussi de se situer devant les jeunes comme des adultes crédibles et bienveillants. La formation permettra aux adultes de situer la juste distance nécessaire pour être à l’écoute des questions des enfants et des jeunes, sans risquer l’intrusion.
Ces formations doivent donc donner une large place aux capacités d’écoute et de relation.
La formation initiale et continue des enseignants doit tenir compte de ces dimensions, tant dans le premier degré que dans le second degré.
* BO n° 9 du 27 février 2003.
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